Pablo Moses est une force de la nature. Un roc à la carrure imposante qui semble ignorer les vicissitudes du temps. Comme si la campagne qui l’a vu naître à Plowden, petit village reculé du sud de la Jamaïque, en 1953, l’avait à jamais nourri de sa sève généreuse. Peut-être a-t-il aussi puisé là-bas, au cœur du monde paysan, la modestie, la spiritualité et l’humanisme qui caractérisent sa musique. Peut-être a-t-il tracé, depuis cette colline, le chemin rasta qu’il a emprunté et jamais lâché. Star à part du reggae, il promène sa voix unique depuis plus de quarante ans sur les scènes internationales. The Itinuation (Grounded Music), son nouvel album co-produit avec Harrison Stafford, l’un des piliers de Groundation, affirme cette constance à cultiver positivement les sentiers de la vie. Et marque surtout son grand retour.
Le parcours de Pablo Moses n’a pourtant rien d’un long fleuve tranquille. Après une enfance ballottée entre la Jamaïque et les Etats-Unis, il se pose définitivement à Kingston. La capitale palpite au rythme du ska et du rocksteady. Le cœur de Pablo Moses, lui, vibre pour Ray Charles, Otis Redding ou Nat King Cole. Créer sa propre musique à partir du jazz et du blues, voilà qui lui parle. Dans son quartier de Vineyard Town, il s’initie à la guitare aux côtés du musicien Michael Chung qui lui présente un jour son frère, Geoffrey, futur producteur et ingénieur. Cette rencontre le mène au studio Black Ark du fantasque Lee Scratch Perry en 1975 pour y enregistrer I man a Grasshopper puis We should be in Angola, deux tubes qui finissent sur Revolutionary Dream. Ce premier album cartonne en Jamaïque, bien que censuré par les autorités qui voient d’un mauvais œil ce rasta prôner les bienfaits de l’herbe et exhorter les Jamaïcains à s’engager auprès des indépendantistes en Angola plutôt que de s’entretuer.
Le succès de ce rêve révolutionnaire se répand comme une traînée de poudre jusqu’en Amérique et en Angleterre. Pablo Moses décolle. Après un passage à l’École Jamaïquaine de Musique où il perfectionne ses connaissances musicales, il signe A song (1980) puis Pave the way (1981) sur le label Island de Chris Blackwell, le producteur de Bob Marley. De nouveau réalisés par Geoffrey Chung, ces deux galettes, à l’instar de la première, caracolent en tête des hit parades. Le chanteur entre définitivement dans l’arène musicale internationale et le petit cercle des grandes voix du reggae. Il poursuit sa carrière en solo, loin des acteurs notoires de la profession, réalise six albums, stoppe toute production discographique quinze ans durant sans pour autant cesser de tourner. En 2010, paraît The Rebirth. Une renaissance évidente de l’artiste. Éclatante quand elle prend vraiment corps aujourd’hui avec The Itinuation.
« Harrison est comme un fils pour moi » confie Pablo Moses. « Pablo ? Un elder, un père ! » renchérit Harrison. Les deux se connaissent depuis plus de dix ans et partagent une estime réciproque. Aussi, quand le jeune Californien est invité à co-produire le légendaire Jamaïcain, il se réjouit, parie sur l’excellence et rassemble la crème des musiciens jamaïcains. Nambo Robinson et Dean Fraser aux cuivres, Robbie Lyn aux claviers, Harry T Powell au tambour, Desi Jones à la batterie, Danny Axeman Thompson à la basse, Dalton Browne à la guitare… Un écrin en or pour épouser la voix exceptionnelle de Pablo Moses dont le registre n’a sans doute jamais été aussi ample qu’ici. Cette équipe de haut vol sert une autre volonté d’Harrison Stafford : embrasser un panel de grooves variés, « faire coexister différentes saveurs ». Enregistré à Kingston au studio Mixing Lab et masterisé par le maître en la matière, l’Américain Jim Fox, The Itinuation traverse ainsi l’histoire du reggae, passant du style lover (I love U) à l’esprit nyabinghi (Thanks Jah Jah). Écrit à quatre mains – Harrison est l’auteur de quatre titres – il respire la sérénité et la complicité des sessions studio qui lui ont donné le jour. Fidèle à sa philosophie rasta, Pablo Moses y condamne la violence et la corruption du système (Living in Babylon, Murder, In This Jungle), le racisme et les guerres menées au nom du capitalisme, les moutons que nous sommes à obéir aux modes et à suivre les diktats (You and Me) pour célébrer la droiture, la tolérance et la résistance (Attitude, Open Your Minds, Mercy, Lioness). « Ma seule religion est l’amour, l’égalité des droits et la justice pour tous » souffle Pablo Moses. The Itinuation en est la superbe caisse de résonance.
Frédérique Briard
2017
13.10.2017 NANCY (FR) Nancy Jazz Pulsations
14.10.2017 EEKLO (BE) salle N9
15.10.2017 MANTES LA JOLIE (FR) TBC
17.10.2017 LE HAVRE (FR) Magic Mirrors
18.10.2017 BRETIGNY (FR) Le Rack’am
19.10.2017 ST ETIENNE (FR) Le Clapier
20.10.2017 TREMBLAY (FR) l’Odéon
21.10.2017 ISSOUDUN (FR) Reggae Temple festival
26.10.2017 TOULON (FR) Omega Live
27.10.2017 SAUVETERRE DE ROUERGUE (FR) Roots’ergue
31.10.2017 BORDEAUX (FR) Espace François Mitterrand
03.11.2017 SANNOIS (FR) EMB
04.11.2017 CREIL (FR) Grange à Musique
05.11.2017 RAMBOUILLET (FR) Usine à Chapeaux
06.11.2017 ROUEN (FR) 106
07.11.2017 IVRY (FR) le hangar
09.11.2017 LA ROCHE SUR YON (FR) Fuzz-Yon
10.11.2017 LIMOGES (FR) Reggae Empire festival
11.11.2017 LAUSANNE (CH) Metropop festival
Mai 2016
26/05 Dunkerque (FR) les 4 Ecluses
27/05 Creil (FR) la Grange à Musique
28/06 Dortmund (NL) festival
29/06 Den Haag (NL) festival
Juin 2016
02/06 Marseille (FR) Espace Julien
03/06 Chateauneuf de Gadagne (FR) Akwaba
04/06 La Seyne-Sur-Mer (FR) Couleur Urbaines
07/06 Meyrin (CH) Undertown
08/06 Paris (FR) New Morning
09/06 Magny-Le-Hongre (FR) File 7
10/06 Brasparts (FR) La Ferme du Gwernandour
11/06 Sannerville (FR) Rast’Art festival